Aujourd’hui, dans le cadre de sa mission de média citoyen municipal, Vivre à Bourcefranc publie une deuxième tribune libre de Mr Yannick MACHECOURT, bourcefrançais de 48 ans, directeur d’établissement sanitaire.
L’auteur de ce texte nous partage une ode aux propositions collectives pour l’avenir commune en contre-point d’un laisser-aller aux dynamiques exogènes et / ou anachroniques.
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Samedi dernier 10/08/2024, une fois de plus bloqué dans les embouteillages de notre petit village, j’ai soudainement réalisé que cette immobilité allait bien au-delà du simple trafic intra-muros : c’est toute la commune de Bourcefranc-le-Chapus qui semble figée.
« De la stabilité à l’immobilisme, il n’y a qu’un pas. »
Jacques Mailhot
Rien ne bouge en termes de prise de décision, quelques soient les sujets. Comme si les choses étaient immuables. Je trouve que le phénomène assez révélateur d’une forme d’inertie qui peut devenir problématique…
Une inertie affligeante

Ces dernières semaines, de nombreuses idées de projets émergent à Bourcefranc-le-Chapus. Certains d’entre nous se montrent particulièrement dynamiques et force de proposition. On ne peut que s’en réjouir. Ce phénomène, bien que positif, soulève une question essentielle : est-il véritablement représentatif du plus grand nombre d’habitants de notre commune ?
Alors que quelques voix s’élèvent pour proposer des initiatives nouvelles, on peut percevoir une forme d’immobilisme planant sur des sujets au demeurant essentiel. Cet état d’inertie, s’il n’est pas rapidement surmonté, pourrait freiner le développement futur de notre territoire.
Se poser des questions et mettre en œuvre des solutions va bien au-delà du détail de chaque sujet pris individuellement. L’évolution réside dans le mouvement et non dans l’immobilisme ou la stagnation. Si nous souhaitons voir notre commune prospérer, il est temps de nous interroger sur notre avenir collectif et de sortir de cette inertie.
Qu’est-ce que l’immobilisme
L’immobilisme peut être défini comme l’absence de changement ou d’évolution dans une situation donnée. C’est un état de stagnation où, par peur du risque ou par manque d’initiative, on choisit de ne rien faire ou de ne pas progresser. En d’autres termes, l’immobilisme, c’est refuser d’agir ou de se réinventer, même lorsque les circonstances le nécessitent.

Dans le contexte de notre commune, cet immobilisme se traduit par une lenteur ou une absence de progrès dans des domaines cruciaux pour notre avenir collectif.
Des études sociologiques, telles que celles menées par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Kaufmann, mettent en exergue l’importance de l’action collective dans le développement des communautés locales. Bourdieu, dans son analyse des champs sociaux, explique comment l’inaction ou la stagnation peut conduire à la reproduction des inégalités et à la marginalisation de certaines populations. Kaufmann, dans ses travaux sur la vie quotidienne, montre que l’immobilisme est souvent lié à une réticence au changement, ancrée dans des habitudes et une peur du risque qui peuvent freiner l’innovation et l’initiative collective.
L’immobilisme, un frein collectif, non une critique des élus

C’est important de préciser qu’il ne s’agit pas ici de remettre en question le travail de la municipalité et de ses élus. Ils ont consacré du temps, de l’énergie et des ressources pour servir notre commune avec dévouement. Cependant, une commune ne se résume pas uniquement à l’action de ses dirigeants. Bourcefranc-le-Chapus est incarnée dans chaque Bourcefrançais, et chaque Bourcefrançais incarne la commune.
Le destin de notre territoire repose entre les mains de tous ceux qui y vivent, y travaillent, et y investissent. Ainsi, l’immobilisme n’est pas seulement l’affaire des élus, mais une responsabilité collective que nous devons prendre en charge ensemble. Après tout, comme le dit si bien Mark Twain, « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Cette citation rappelle que les limites que nous percevons ne sont souvent que des barrières mentales. « Nous n’avons de limites que celles que l’on se fixe », et c’est en dépassant ces frontières auto-imposées que notre commune pourra véritablement progresser.
Pourquoi sortir de l’immobilisme est essentiel ?
L’immobilisme, c’est la stagnation, le manque de mouvement et d’évolution. En tant que communauté, nous ne pouvons nous permettre de rester immobiles face aux défis qui se dressent devant nous : opportunités économiques, attractivité, mise en valeur du patrimoine et du cadre de vie, … etc.
Loin d’être une simple question de gestion quotidienne, surmonter l’immobilisme est une nécessité pour garantir un avenir prospère à Bourcefranc-le-Chapus. En mobilisant toutes les forces vives de notre commune, nous pouvons transformer les défis en opportunités.
Des études ont déjà montré que la cohésion sociale est essentielle pour la survie et la prospérité des communautés. La solidarité organique, fondée sur la complémentarité des rôles et des initiatives, est particulièrement pertinente dans le contexte moderne, où la diversité des initiatives et des acteurs est une richesse à cultiver.
Sortir de l’immobilisme c’est la capacité de la communauté à se gouverner elle-même, à prendre en main son destin, plutôt que de subir passivement les forces extérieures.

De l’immobilisme à l’action : quelle direction pour Bourcefranc ?
L’immobilisme n’est pas une fatalité, mais un défi que nous, Bourcefrançais, devons relever ensemble. Est-ce que nous sommes prêts à reconnaître que le destin de notre commune repose sur l’engagement de chacun d’entre nous ? Sommes-nous disposés à unir nos forces et à travailler de concert pour faire de Bourcefranc-le-Chapus un lieu vivant, dynamique et prospère, à la hauteur de nos ambitions communes ?
Pouvons-nous agir dès aujourd’hui pour que chaque Bourcefrançais, en incarnant sa commune, contribue à la faire avancer vers un avenir meilleur ? Comment, ensemble, pourrions-nous construire un Bourcefranc-le-Chapus où il fait bon vivre aujourd’hui, et où il fera encore meilleur vivre demain ?
La réponse à ces questions déterminera l’avenir de notre commune. Il est temps de nous les poser et d’y répondre collectivement.
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Sources
« Raisons pratiques : Sur la théorie de l’action », Pierre Bourdieu 1994,
« Les structures sociales de l’économie », Pierre Bourdieu 2000
« L’invention de soi : Une théorie de l’identité », Jean-Claude Kaufmann 2004,